Rupture de la poche des eaux : tout ce qu’il faut savoir

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Pas toujours aussi spectaculaire que dans les films, la rupture de la poche des eaux est parfois discrète, si bien que les futures mamans ont souvent la crainte de ne pas s’en rendre compte. Comment être sure que l’on a perdu les eaux ? Que faire ou ne pas faire une fois que la poche est percée ? Les réponses d’Aurélie Kaczmarek, sage-femme.

Qu’est-ce que la poche des eaux et à quoi sert-elle ?

La poche des eaux correspond aux deux membranes ovulaires accolées – appelées amnios et chorion – qui contiennent le liquide amniotique dans lequel baigne le foetus à l’intérieur de la cavité utérine. Le liquide amniotique est produit tout au long de la grossesse, à la fois par les membranes de la poche des eaux, et par le bébé lui-même. Son volume varie en fonction du stade de la grossesse : 200 ml vers 4 mois, entre 1 et 2 litres vers 8 mois et en moyenne 1 litre à terme.

Cette poche remplie de liquide sert à la fois : à protéger le foetus des éventuels chocs et bruits extérieurs, à le maintenir à température corporelle, à lui apporter l’eau et les sels minéraux dont il a besoin, mais aussi à le protéger d’éventuelles proliférations bactériennes.

Les membranes ovulaires sont transparentes et fines, mais résistantes. Elles s’affinent et se fragilisent à l’approche du terme.

Perte des eaux : qu’est-ce que ça signifie ?

Lorsque l’une, l’autre ou les deux membranes ovulaires se rompent, le liquide amniotique s’écoule de façon plus ou moins franche, on parle de rupture de la poche des eaux.

“Il existe deux types de rupture de la poche des eaux : si les deux membranes se percent, on parle de rupture franche, si l’une des deux seulement se rompt, on parle de fissuration” décrit la sage-femme.
Dans le premier cas, le volume de liquide perdu sera important et peut littéralement tremper les sous-vêtements de la future maman. “Entre 500 ml et 1,5 L d’eau s’écoule par le col de l’utérus : impossible de ne pas s’en rendre compte ” rassure Aurélie Kaczmarek.

En cas de fissuration en revanche, le liquide s’écoule progressivement et par gouttes, ce qui peut rendre le diagnostic plus difficile.

Signes, symptômes ou sensations : comment savoir si on a perdu les eaux ?

Il n’y a aucun signe avant coureur à la rupture de la poche des eaux. Si elle se fait la plupart du temps à proximité du terme, il arrive qu’elle ai lieu bien avant le terme. L’aspect du liquide amniotique peut alors varier.

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Quantité de liquide

Si la poche des eaux de la femme enceinte contient en moyenne 1 Litre d’eau à son terme, ce volume peut aller de 500 ml à près de 2 litres en fonction des femmes.
Lorsque la rupture est franche, le liquide s’évacue de façon importante, ce qui ne laisse pas place au doute. En revanche, en cas de fissuration, il va s’écouler progressivement et par petite quantité. “Lorsque la maman a un doute sur la nature de ses pertes, on lui recommande de se changer, et de vérifier régulièrement dans les heures qui suivent s’il n’y a pas de nouvelles pertes” indique la sage-femme.

Si c’est de nouveau mouillé, il est préférable qu’elle aille consulter à la maternité, où la nature du liquide pourra être vérifiée à l’aide d’un amniotest – qui analyse le pH du liquide pour déterminer s’il s’agit bien de liquide amniotique.

Couleur du liquide

“Le liquide amniotique est normalement incolore, inodore et chaud. Cependant, si la rupture de la poche a lieu avant la 37è semaine d’aménorrhée, il sera contiendra des petits flocons blancs, qui correspondent au vernix qui recouvre la peau du bébé pour le protéger du dessèchement” décrit la sage-femme.

En cas de fissuration avant le terme, rendant la perte des eaux moins évidente, ces flocons blancs peuvent confirmer à la future maman qu’il s’agit bien de liquide amniotique.

Enfin, il arrive que le liquide amniotique ait, en fin de grossesse, un aspect opaque et verdâtre, qui ressemble à de la purée de pois : “c’est le signe de la présence de méconium, qui indique que le bébé a lâché ses sphincters” explique Aurélie Kaczmarek. La future maman doit alors se rendre à la maternité sans tarder.

Liquide amniotique ou urine : perte des eaux ou fuite pipi ?

Quand le terme approche, entre le périnée qui se ramolli et l’utérus qui compresse la vessie, les fuites urinaires sont fréquentes chez la femme enceinte, on parle d’incontinence d’effort.

Alors en cas de fuite, comment savoir s’il s’agit d’urines ou de liquide amniotique. “A la différence des urines qui sont plus ou moins jaunes et qui peuvent avoir une odeur spécifique, le liquide amniotique est inodore et incolore” rappelle la sage-femme, pour qui cette différence peut suffire à distinguer les deux liquides.


Si ça n’est pas évident pour la future maman, elle doit rester attentive et surveiller si les fuites ne se reproduisent pas dans les heures qui suivent.

Perte des eaux et bain

Comment savoir si je perds les eaux dans un bain, voire en me baignant à la mer ou dans une piscine ? C’est une inquiétude courante chez la femme en fin de grossesse. D’autant plus que son périnée ramolli a souvent tendance à laisser pénétrer de l’eau dans le col de l’utérus, eau qui s’écoule progressivement une fois la future maman sortie de l’eau, la laissant croire qu’il s’agit peut être de liquide amniotique.

En cas de rupture franche de la poche des eaux, la femme va sentir comme une dépression dans son ventre, un peu comme un ballon de baudruche qui se dégonfle” explique Aurélie Kaczmarek, sage-femme.

Même dans un bain, elle risque de s’en rendre compte, et de sentir le liquide chaud s’écouler de son vagin. “De la même façon que l’on sent bien ce qu’il se passe lorsqu’on fait pipi dans la mer” ajoute la sage-femme.

En cas de fissuration en revanche, il est plus délicat de faire la part des choses. La future maman ne doit donc pas hésiter à consulter si elle a le moindre doute.

Peut-on perdre les eaux en dormant ?

La future maman doit-elle nécessairement être en activité et/ou debout, pour que sa poche des eaux se rompe ? “La rupture de la poche des eaux ne dépend pas nécessairement de l’activité de la maman, mais aussi de celle du bébé qui peut faire des galipettes dans le ventre alors que celle-ci dort ou se repose” rappelle la sage-femme. Il est donc tout à fait possible et fréquent que la poche des eaux se perce au cours de la nuit ou d’une sieste.

Est-il possible de perdre les eaux sans contractions ?

La rupture de la poche des eaux n’est pas nécessairement liée au début du travail et donc aux contractions utérines ! Il est donc tout à fait possible, et même fréquent, qu’elle ai lieu avant la moindre contraction de travail. “Et à l’inverse, certaines femmes ne la perceront jamais, même pendant le travail : elle doit alors être percée par l’équipe soignante, à l’aide d’une pince à rompre” décrit la sage-femme.

Que faire quand on perd les eaux ?

Lorsque la poche des eaux se rompt, le risque principal pour le bébé est le risque d’infection, car il n’est plus protégé de l’extérieur par le liquide amniotique. Il est donc important pour la maman de se rendre rapidement à la maternité. Cependant, le degré d’urgence va dépendre de plusieurs facteurs.

“En cas de rupture franche, après 37 SA et avec écoulement de liquide transparent, la maman peut prendre le temps de se préparer, de se doucher et de partir tranquillement à la maternité dans les deux heures qui suivent la perte des eaux” indique Aurélie Kaczmarek.

Si le liquide est opaque et vert, et qu’il contient donc du méconium, il faut se rendre plus rapidement à la maternité. “D’une part, le risque infectieux est un peu plus important, et d’autre part, le fait que bébé ait lâché ses sphincters laisse penser qu’il est vraiment prêt à sortir” explique la sage-femme.

Lorsque la perte des eaux s’accompagne de fortes contractions, c’est que le travail a commencé : il convient de se rendre rapidement à la maternité car les contractions utérines sont plus douloureuses une fois la poche des eaux rompue.

Enfin, en cas de rupture avant le terme, donc avant 37 semaines d’aménorrhée, la future maman doit se rendreimmédiatement à la maternité pour être prise en charge par les sages-femmes ou par les gynécologues-obstétriciens en cas de grossesse pathologique.

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Quand on perd les eaux on accouche combien de temps après ?

Lorsque la femme est à plus de 37 semaines d’aménorrhée et qu’elle n’est donc plus à risque de prématurité, on lui propose un traitement antibiotique afin de protéger le foetus d’un éventuel risque infectieux, et on attend 24 à 48 heures pour la laisser accoucher de façon naturelle. “Si l’accouchement ne se met pas naturellement en route dans les 24 à 48 heures, on le déclenche à la maternité” indique la sage-femme.

Pour les mamans qui perdent les eaux avant 37 SA, une hospitalisation est nécessaire. “La maman est traitée aux antibiotiques et reçoit deux injections de corticoïdes à 24 heures d’intervalle pour accélérer la maturation des poumons du bébé” détaille la sage-femme. Le but est alors qu’elle se rapproche le plus du terme avant de la faire accoucher.

“Certaines femmes perdent les eaux très tôt dans la grossesse, parfois dès 5 ou 6 mois de grossesse, et réussissent à mener leur grossesse à bien” rassure Aurélie Kaczmarek, qui rappelle que le liquide amniotique se renouvelle sans arrêt, et que ça n’est pas parce que la maman a perdu les eaux, que le bébé n’est plus oxygéné et alimenté puisque cela se fait par le placenta.

SOURCE: Santemagazine.fr

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